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Volume chiffrée avec cryptsetup

Afin de protéger au mieux vos données personnelles, il peut vous être nécessaire de chiffrer vos données. Depuis Dapper, Ubuntu propose en standard les outils pour y parvenir. Cryptsetup propose de créer un conteneur chiffré pour accueillir votre système de fichier. Comme pour le plus connu Truecrypt, la nature de ce conteneur peut être un fichier régulier ou un volume (une partition, un disque-dur, un volume logique LVM, …).

  • Disposer d'un volume ou de place sur votre système de fichier
  • Disposer de ressources calculatoire suffisante. Même si le coût est négligeable, celui-ci peut avoir un impact important sur de petits systèmes. Un NAS animé par un ARM 266MHz délivra par exemple 2,66Mio/s (en) source

Cryptsetup permet des usages très avancés mais avant voyons comment créer un conteneur et le monter.

Préparer le support

  1. Avant de commencer, demandez-vous quel espace vous aller utiliser pour héberger votre conteneur, fichier ou volume? Si vous le pouvez, opter pour l'utilisation d'un volume plutôt qu'un fichier (lors d'une nouvelle installation ou pour un nouveau disque dur).
  2. Ensuite, pour des raisons de sécurité nous allons devoir obfusquer cryptographiquement votre futur conteneur.

Fichier de conteneur

Si vous avez opté pour l'option du conteneur embarqué dans un fichier, commencez par créer un fichier vide (10Mio dans cet exemple) :

dd if=/dev/zero bs=1M count=10 of=/chemin/du/fichier

Pour transformer le fichier en volume (sur Dapper, remplacez /dev/loop0 par /dev/loop/0) :

losetup /dev/loop0  big

Pour déconnecter le volume du fichier (sur Dapper, remplacez /dev/loop0 par /dev/loop/0) :

losetup -d /dev/loop0

Nettoyage du support

Toutes les données sur le volume seront supprimées et impossible à récupérer (même avec un logiciel de récupération).

N correspond au nombre de passes de nettoyage. Adaptez cette valeur en fonction du degré de confidentialité des données présentes en clair sur le support. 1 est déjà une bonne valeur.

shred --iterations=N --verbose /dev/volume/a/nettoyer

Initialiser le conteneur

  • Le chiffrement conseillé est Serpent. Il offre un niveau de protection supérieur au Rijndael (dont la version bridée, l'AES, est d'avantage connue) et semble plus rapide que ce dernier sur les système 64bits source (à vérifier). Utilisez l'AES sur des systèmes peu véloces.
  • Le mode d'opération que nous allons utiliser est XTS (en), plus adapté au chiffrement de disque.
  • Nous n'utiliserons pas d'ESSIV (en) car XTS (en) embarque son propre mécanisme pour choisir son vecteur d'initialisation (IV). Ajouter l'ESSIV (en) apporterai un gain négligeable de protection comparé à son impact sur les performances source source officielle. Nous utiliserons du plain64 pour nos IV parce qu'en fonction de la taille de vos disques et de la taille des blocs, l'utilisation du plain(32bits) peut introduire une faille de sécurité du à la répétition des IV.
  • Pour les containers LUKS sur un volume RAID, je vous conseille d'utiliser l'option align-payload qui permet de modifier la taille des blocs logiques du container. Par défaut cette valeur est de 8 (secteurs x 512o = 4Ko) alors pensez à adapter cette valeur à la taille du chunk de vos RAIDs pour que la taille de vos blocs LUKS soit des multiples de la taille de vos chunck RAID. N'exagérez pas non plus sur la taille de vos blocs LUKS : plus vous augmentez la taille des blocs plus le XTS (en) devient vulnérable car vous empêchez l'utilisation d'un nouveau IV. Le NIST recommande des blocs d'une taille inférieure à 16Mio pour un chiffrement AES source (en).
cryptsetup luksFormat --cipher=serpent-xts-plain64 --hash=sha256 --key-size=512 /dev/volume/a/securiser

Le conteneur chiffré de manière standard va stocker la clef de chiffrage maître qui servira à ouvrir votre volume sécurisé. Il est possible d'ajouter jusqu'à 8 clefs supplémentaires dans des "slots", qui déverrouillent l'accès à la clef maître. Vous pouvez ainsi avec cette méthode avoir plusieurs utilisateurs qui vont chacun ouvrir le conteneur chiffré avec leur clef, et il vous sera possible de révoquer les clés éventuellement compromises.

Pour ajouter une clé d'accès au conteneur chiffré précédent :

sudo cryptsetup luksAddKey /dev/volume/a/securiser

Pour voir l'état du conteneur chiffré et les "slots" utilisés :

sudo cryptsetup luksDump /dev/volume/a/securiser

Pour révoquer une clef contenue dans un "slot" :

sudo cryptsetup luksKillSlot /dev/volume/a/securiser <numero_de_slot>

(Dé-)verrouiller le conteneur

Pour déverrouiller votre volume ; le volume déverrouillé sera dans /dev/mapper/nom_du_volume_deverrouille :

cryptsetup luksOpen /dev/volume/securise nom_du_volume_deverrouille

Pour verrouiller de nouveau le volume :

cryptsetup luksClose nom_du_volume_deverrouille

Monter un volume chiffré au démarrage

Depuis Dapper, Ubuntu intègre la gestion des volumes chiffrée LUKS en standard, ce qui permet de gérer de manière automatique le montage et le démontage de vos volumes (partitions) sécurisées. La configuration des paramètres du volume chiffré est dans le fichier /etc/crypttab et le montage du volume est de manière classique dans /etc/fstab. Vous pouvez trouver le UUID de votre partition chiffrée avec la commande blkid.

/etc/crypttab
# <target name>			<source device>			<key file>	<options>
nom_du_volume_deverrouille	UUID=uuid-du-volume-securise	none		luks
/etc/fstab
# /etc/fstab: static file system information.
#
# <file system>				<mount point>		<type>	<options>	<dump>	<pass>
/dev/mapper/nom_du_volume_deverrouille	/point/de/montage	ext4	defaults	0	1

Démarrer un système entièrement chiffré

Si vous voulez installer Ubuntu sur un disque chiffré, quelques manipulations supplémentaire à la partie précedante. Il faut demander ajouter des modules à l'initramfs et le configurer pour nous demander de saisir un mot de passe et de déverrouiller le disque avant de lancer init. Pour cela nous allons ajouter un hooker pour y saisir notre mot de passe et un script de génération de configuration (pour dire ce qu'on déverrouille) à la configuration du générateur de l'initram-fs.

Ajoutez les modules :

/etc/initramfs-tools/modules
dm-crypt
dm-mod
serpent
sha256
xts
sd_mod
blkcipher

Ajoutez les scripts :

ln --symbolic /usr/share/initramfs-tools/hooks/cryptroot /etc/initramfs-tools/hooks/
ln --symbolic /usr/share/initramfs-tools/scripts/local-top/cryptroot /etc/initramfs-tools/scripts/local-top/
touch /etc/initramfs-tools/conf.d/cryptroot

Le script de génération a quelques défauts :

  1. Il n'écrit pas la configuration si le fichier cryptroot n'est pas présent (d'où le touch).
  2. A chaque update-initramfs, il dupplique les entrées de configuration ; c'est pas très propre.

Maintenant qu'on a bien détailler au système la procédure de démarrage, on va appliquer nos modifications :

update-initramfs -k all -c

Ouverture automatique du conteneur chiffré au démarrage à l'aide d'un support amovible

On peut grâce à LUKS monter automatiquement les partitions chiffrées au démarrage sans mots de passe à taper. Ceci est possible par l'intermédiaire d'une clé USB ou d'une carte SD ou MS : http://petaramesh.org/post/2007/11/29/Une-cle-de-contact-pour-votre-portable-chiffre FIXME

Suivre la procédure indiquée plus haut, mais modifier le fichier /etc/crypttab :

# <target name> <source device> <key file>          <options>
  home          /dev/hda7       /dev/sda:/keyfile:1 luks,keyscript=/lib/cryptsetup/scripts/passdev
  home          /dev/hda7       none                luks

De cette manière, le système va tenter de déchiffrer la partition /dev/hda7 au moyen du fichier clé "keyfile" se trouvant sur le périphérique /dev/sda (en FAT par exemple). Le "1" représente le temps d'attente avant de demander le mot de passe si le fichier clé n'est pas trouvé.

Ouverture et montage automatique de la partition chiffrée à l'ouverture de session, sans support amovible ni pass-phrase

Les techniques exposées plus haut offrent un haut niveau de sécurité pour peu que la phrase-pass de LUKS ait été bien choisie. Cependant, elles sont également assez lourdes, dans la mesure où elles nécessitent que l'utilisateur rentrent à chaque démarrage sa pass-phrase (ou qu'il porte sur lui en permanence le support amovible permettant l'ouverture du conteneur chiffré). La méthode proposée ici va permettre d'ouvrir automatiquement le conteneur chiffré et de monter la partition chiffrée au démarrage de la session, sans que la pass-phrase ne soit saisie. La partition chiffrée n'est donc plus protégée que par le mot de passe d'ouverture de session.

La pass-phrase de la partition cryptée et le mot de passe associé au compte doivent être les mêmes (PAM ne fait que "passer" le mot de passe de session pour le montage de la partition), cela a donc des implications lorsque le mot de passe de l'utilisateur doit être changé : il faut au préalable rajouter une pass-phrase (identique au nouveau mot de passe) dans un nouveau "slot" et une fois que cela est validé, supprimer l'ancienne passphrase.

Le niveau de sécurité est donc plus bas, mais le chiffrement devient parfaitement transparent pour l'utilisateur. Cette solution convient donc bien si vous souhaitez simplement protéger vos données personnelles en cas de vol de votre machine par un quidam quelconque, mais peut-être pas si vous avez des documents vraiment confidentiels à protéger.

Nous allons utiliser PAM, utilitaire habituellement utilisé pour le montage automatique de partitions sur des postes multi-utilisateurs.

La situation est la suivante: la partition /dev/sda2 est notre partition cyptée. Elle doit être montée automatiquement au point /mnt/cryptodisk. Les opérations suivantes ont donc été effectuées au préalable:

#Création du containeur chiffré. Attention, la partition ne doit pas être montée. De plus, toute donnée présente sur cette partition sera perdue:
sudo cryptsetup luksFormat /dev/sda2

#Ouverture du containeur nouvellement créé, à qui on donne le nom de "cryptodisk":
sudo cryptsetup luksOpen /dev/sda2 cryptodisk

#Création du système de fichier ext3 sur cette partition chiffrée:
sudo mkfs.ext3 /dev/mapper/cryptodisk

#Création du point de montage:
sudo mkdir /mnt/cryptodisk

#Définition du point de montage: Dans le fichier /etc/fstab, notez l'option
#"noauto" qui permet de faire apparaître la partition dans le fichier fstab
#sans pour autant la monter automatiquement au démarrage
/dev/mapper/cryptodisk /mnt/cryptodisk           ext3    defaults,noauto        0       0

#Et on s'arrête là. Ne RIEN ajouter dans le fichier /etc/cryptab

Notre partition chiffrée est à présent crée, formatée, et un point de montage a été défini. Il ne reste plus qu'à indiquer à PAM de la monter automatiquement à chaque ouverture de session (sans demande de la pass-phrase donc).

#Installation de la librairie:
sudo apt-get install libpam-mount

Indication à PAM de la partition à monter: Editer le fichier /etc/security/pam_mount.conf.xml. Au début du fichier, après la première balise <pam-mount>, ajouter la ligne suivante:

<volume user="*" mountpoint="/mnt/cryptodisk" path="/dev/sda2" fstype="crypt" />

La partition /dev/sda2 de type "crypt" (partition cryptée) sera montée à l'ouverture de session sans demande de la phrase-pass sur le point de montage /mnt/cryptodisk, et ce quelque soit l'utilisateur qui se connecte.

Et pour finir, il suffit d'indiquer à gdm (dans le cas de Gnome) ou kdm (pour KDE) d'appeler PAM. Ouvrir ainsi dans le cas de Gnome le fichier /etc/pam.d/gdm, et ajouter à la fin de ce fichier la ligne

@include common-pammount

Remarque : ceci n'est plus utile depuis Jauty.

Et voilà! Il ne vous reste plus qu'à redémarrer votre machine, et à l'ouverture de session la partition chiffrée sera ouverte et montée automatiquement, sans que la pass-phrase ne vous soit demandée. Bien entendu, si vous avez au préalable désactivé l'authentification pour l'ouverture de la session, cela ne sert pas à grand chose d'avoir une partition chiffrée (car alors l'authentification étant désactivée, la session est ouverte automatiquement à chaque démarrage et la partition chiffrée est également ouverte et montée automatiquement et sans pass-phrase à chaque démarrage).

Remarque: méthode testée et approuvée sous ubuntu 10.04

Réglage de la priorité d'exécution

Par défaut le niveau de priorité du démon de chiffrage est trop élevé et peu induire des ralentissements gênants. Vous pouvez modifier cette priorité à l'aide de la commande renice :

 sudo renice 10 `pgrep kcryptd` 

Pour exécuter cette commande à chaque démarrage, il faut la placer dans le fichier /etc/rc.local avant la ligne exit 0 sans sudo car c'est le système avec les droits administrateur qui l'exécutera.

#!/bin/sh -e
#
renice 10 `pgrep kcryptd`
exit 0

Spécificité Edgy

Le fait de chiffrer votre dossier /home (par exemple) nécessite de taper la clef d'ouverture du volume chiffré lors de la séquence de démarrage de l'ordinateur, mais sous Edgy le système de boot n'est plus séquentiel comme sur Dapper, ce qui entraîne pour l'heure que le lancement de Xorg (le serveur graphique) n'attendra pas que vous ayez tapé votre clef d'ouverture du volume.

Une des solutions pour l'heure est d'installer sysvinit avec Synaptic au lieu d'Upstart (le nouveau système de démarrage, intégré dans Edgy).

Grâce au logiciel FreeOTFE, il est possible de monter de façon non permanente une partition luks encryptée par Cryptsetup sous Linux à partir de votre système Windows.

Pour monter et utiliser le même type de partition que celle décrite dans ce wiki, voici les étapes :

  1. Télécharger FreeOTFE ici
  2. Extraire les fichiers de l'archive dans un dossier et ouvrir FreeOTFE.exe
  3. Lorsqu'on vous demande si vous voulez démarrer FreeOTFE en portable mode, dites oui. Si vous voulez utiliser FreeOTFE régulièrement afin de monter des volumes cryptés sous Windows, vous pouvez cliquer sur non et activer de façon permanente tous les pilotes de cryptage un par un.
  4. Cliquez ensuite sur File / Linux volume / Mount partition
  5. Choisissez la partition qui est encryptée sur votre disque dur
  6. Dans la grande case, entrez votre clé secrète, puis cliquez sur Ok
  7. Si vous avez choisi la bonne partition et la bonne clé, le programme détectera l'encryptage correspondant et vous offrira une liste des pilotes pouvant monter le volume. Faites votre choix.
  8. Si tout s'est bien passé, vous avez un nouveau lecteur dans votre poste de travail !
Ce volume ne survivra pas à un redémarrage, il faudra tout reprendre de zéro à chaque fois. Si vous fermez FreeOTFE alors qu'il est en mode portable, vous devez lui spécifier de ne pas désactiver les pilotes d'encryptage afin de ne pas perdre l'usage de votre partition. Avant de fermer votre ordinateur, il est recommandé de démonter la partition à l'aide de FreeOTFE et de lui permettre de désactiver tous les pilotes à sa fermeture. Si votre système de fichier est ext2 ou ext3, Windows ne sera pas capable de lire le contenu de votre partition, sauf si vous installez le Ext2 IFS For Windows. Attention toutefois, ce pilote pour Windows ne prend pas en charge les droits d'accès et la journalisation. Pour du partage entre Windows et Linux, le Fat32 est plus conseillée.
  • utilisateurs/lildadou/cryptsetup.1295565243.txt.gz
  • Dernière modification: Le 18/04/2011, 14:43
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